• Ton parcours en tant que scénariste ?

J’ai vraiment commencé à écrire à l’université, où je faisais des études de mathématiques. Je faisais partie de la troupe de théâtre de la fac et nous avions décidé d’écrire nos propres textes, ça a été une bonne école, rien de tel qu’un public qui reste de marbre à vos vannes pour se remettre en question ! Plus tard, j’ai rencontré Stéphane Sénégas et nous avons commencé à travailler ensemble, un premier album jeunesse, « Pirateries » est sorti en 2004. J’ai continué à écrire des albums jeunesses puis, toujours avec Stéphane, nous avons réalisé le premier album d’Anuki, ma première BD. J’ai ensuite continué la BD aux côté de Stéphane, Dawid (avec qui nous faisons Supers) et Aude Soleilhac (la dessinatrice de Sixtine). En parallèle de la BD, je continue à écrire des albums de littérature jeunesse, des spectacles dans lesquels je joue parfois (« Anuki, la lecture dessinée », avec Stéphane toujours, « Comment écrit-on une histoire ? » que j’interprète avec Denis Escadafals, et « Le Jour où Crochet devint Crochet » pour la Compagnie Songe d’une nuit d’épée). Je travaille aussi un peu pour l’animation, en ce moment avec le studio Folimages pour une série avec un indien qui ne parle pas.

• Et, pourquoi la bd ?

D’abord, j’aime beaucoup ça, la BD, et j’aime le travail en collaboration, j’écris finalement rarement pour moi seul, mais le plus souvent aux côtés d’autres (dessinateurs, illustratrices, troupe de théâtre…) Fondamentalement, ce qui m’intéresse, c’est de raconter des histoires, de réfléchir à comment on peut faire passer telle ou telle émotion dans le cadre et les limites imposés par chaque média.

• Quel est ton lien avec le dessinateur-dessinatrice ? (Le laisses-tu plutôt libre dans la créa ou as-tu une vision précise de la construction du récit, des plans…)

J’envoie toujours un scénario complet, avec l’intégralité des dialogues. Ensuite, l’important, pour moi, est de trouver une manière de bien fonctionner ensemble, et je ne travaille pas pareil avec Stéphane ou avec Aude ou Dawid. Sur certains projets, je découpe case à case, avec parfois des indications de plan. Sur d’autres non, ça dépend, mais dans tous les cas, l’important pour moi c’est ce qui se passe au moment du story-board. C’est le moment où il y a beaucoup d’allers-retours, d’échanges, le travail de mise en scène va influencer les dialogues, les scènes et même la structure parfois. C’est là que tout se joue et c’est ce qui est passionnant. Ça ne m’intéresse pas d’envoyer un scénario et d’attendre l’arrivée d’une version finale.

•  Est-ce qu’il y a une planche en particulier que tu as adoré découvrir dessinée ?

En général, je ne découvre pas les planches dessinées, puisque nous travaillons beaucoup sur le story-board. Il m’est quand même arrivé d’en découvrir une. Dans le tome 3 d’Anuki, la scène de poursuite avec le loup. Elle n’était pas prévue au scénario, et a été un cauchemar à intégrer parce qu’il a fallu modifier ce qu’il y avait avant et ce qu’il y avait après… Mais elle était magnifique et surtout indispensable pour l’album (tellement indispensable qu’on en a changé le scénario).

•  Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Une idée peut venir de tout et n’importe quoi, j’ai écrit un livre « La ligne » après avoir vu le geste d’une danseuse dans un spectacle. « On l’a à peine remarqué » est lié au début d’une chanson de la comédie musicale « Matilda »… Et ce ne sont que les inspirations que je peux nommer facilement.

L’inspiration, c’est toujours un mélange diffus de beaucoup de choses. Mon enfance, ma vie, celle de mes proches, les histoires qu’on me raconte ou que je vois se dérouler autour de moi. Et évidemment celles que je lis, que je vois au cinéma, à la télé, et aussi la musique, la danse, l’art en général.

•  Le scénario que tu aurais aimé écrire ?

La dernière trilogie Star Wars. Ça n’aurait peut-être pas été mieux, mais je suis sûr que j’aurais réussi à carotter plein de goodies !

•  Un petit rituel avant d’écrire ?

En général, je fais une petite séance de sport, (une petite heure de course, environ 20km ou alors 5km à la nage). Ensuite, je réponds aux nombreux courriers de mes fans, j’en ai pour une heure ou deux.  Et après, je m’y mets !